LE GRAND ORAL

Corinne Provost, proviseure des lycées Jules-Renard et Raoul-Follereau

Corinne Provost est arrivée à la tête des lycées Jules-Renard et Raoul-Follereau à la rentrée 2020. Immédiatement confrontée au double défi d’un double établissement mais aussi à un contexte sanitaire alors très incertain, la nouvelle proviseure n’a eu droit à aucun état de grâce… Mais ses états de service l’attestent, elle n’a jamais compté ses heures…

Deux lycées, des centaines de lycéens issus des séries générale et technologique, deux pôles d’enseignement supérieur avec des BTS, une licence professionnelle, une prépa, des dizaines d’enseignants, un Bac réformé qui a multiplié les choix d’enseignements de spécialité pour les élèves et compliqué les emplois du temps… Pas de doute, Corinne Provost, proviseure des deux lycées Jules- Renard et Raoul-Follereau est une personne des plus occupées… À la tête de deux établissements réputés à Nevers et essentiels pour la cité scolaire du Banlay, à elle les longues soirées de travail, les réunions à pas d’heure, et les petites nuits… Un travail intensif pour la « double proviseure ».

« DIRIGER JULES-RENARD ET RAOUL-FOLLEREAU SUPPOSE DE TOUT GÉRER EN DOUBLE »

« La difficulté, et ce qui rend en même temps le challenge intéressant, c’est qu’il faut tout gérer en double, explique Corinne Provost. Les deux lycées sont deux entités indépendantes l’une de l’autre, avec un double travail administratif. Mais il existe aussi des enseignements mutualisés. Certaines spécialités de Première ou de Terminale sont ainsi enseignées soit à Raoul-Follereau soit à Jules-Renard. À moi et à mes collègues de construire ensuite un emploi du temps cohérent. Pas facile, mais cela ne m’empêche pas d’être très attachée à ces deux lycées. J’ai été lycéenne à Jules Renard, j’y ai rencontré des personnes qui m’ont ensuite suivie et soutenue tout au long de mon parcours, tout cela ne s’oublie pas. »

Decizoise d’origine, Corinne Provost s’était en fait plutôt préparée à travailler dans l’univers feutré de la recherche. Titulaire d’une licence à l’université de Clermont-Ferrand puis d’un CAPES

décroché en 1995 à l’Université Lyon 2, elle se lançait dans la rédaction d’une thèse portant sur l’histoire de l’antisémitisme au 19e siècle. « Après le CAPES, je suis partie faire une suppléance dans un collège. J’ai alors sympathisé avec le chef d’établissement qui m’a rapidement demandé si je ne serais pas intéressée par des missions de direction. Après avoir réfléchi à la question, un rendez-vous a été pris à l’Inspection académique. Cette première rencontre que je pensais informelle s’est rapidement transformée en ce que l’on pourrait comparer à un entretien d’embauche… Et quelques semaines plus tard, on me proposait de devenir suppléante du proviseur adjoint de Jules-Renard… Une plongée directe dans le grand bain et une totale surprise pour moi qui me destinais plutôt à la recherche universitaire. À cette époque, je rédigeais ma thèse… Un changement radical. »

LA MACHINE, LA CHARITÉ, FOURCHAMBAULT… PUIS LE RETOUR À NEVERS

En 2001, Corinne Provost passait le concours national des personnels de direction. Classée 4e sur 800, elle aurait pu s’éloigner alors définitivement de la Nièvre, mais elle décidait à ce moment-là de rester sur ses terres d’origine. Devenue principale du collège Jean-Rostand de La Machine, elle allait réellement faire ses premières armes de direction dans cet établissement rural avant de prendre ensuite la direction du collège Aumeunier-Michot de La Charité-sur-Loire puis du collège Paul Langevin de Fourchambault en 2016. « J’ai fait mon retour à Jules Renard à la rentrée 2020, en pleine crise sanitaire, sourit-elle. Dès mon arrivée, il m’a fallu gérer la mise en place de plusieurs protocoles. Il fallait y réfléchir et tout rédiger du jour au lendemain, suivant des instructions délivrées au comptegoutte et à la dernière minute par le ministère… Un vrai défi… » Ajoutez à cela les multiples tâches inhérentes à l’arrivée dans un nouvel établissement, une nécessaire adaptation aux us et coutumes des deux lycées… « Il a fallu faire preuve de beaucoup de réactivité au cœur d’une période qui n’a pas été simple, mais j’ai toujours su m’organiser dans ma vie. J’ai fait ce dont j’avais l’habitude. » Dès lors, Corinne Provost en convient, elle dort peu… Face à la charge de travail, et compte tenu d’une disponibilité qui doit être permanente, elle laisse son agenda professionnel largement déborder sur son emploi du temps personnel. Impossible de tout faire sur ses strictes heures de bureau. « Il reste peu de temps pour la vie personnelle, mais c’est quelque chose dont on est conscient lorsque l’on prend la direction de deux lycées et de deux pôles d’enseignement supérieur. »

« LES ÉLÈVES AIMENT QUE L’ON SOIT À LEUR ÉCOUTE… »

Le carburant de Corinne Provost ? La proximité qu’elle sait entretenir avec ses élèves. « J’ai toujours tenu à rester proche d’eux, même dans les grands établissements, explique-t-elle. Il faut dire que j’ai un atout, une très bonne mémoire, qui me permet de les connaître tous ou presque par leur prénom. Cela facilite le contact. Ils aiment cela, nos élèves, que l’on soit à leur écoute. J’avoue que parfois, je suis d’ailleurs un peu frustrée de ne pas pouvoir me rendre plus souvent à leur rencontre. Je ne peux pas envisager ma mission sans cette relation avec les élèves, qu’il s’agisse des lycéens ou des étudiants. Je n’ai pas d’enfant. Cela explique peut-être en partie cette totale disponibilité. »

À 61 ans, Corinne Provost pense bien sûr aussi à son avenir hors de l’Éducation nationale. « Ce n’est pas un sujet de crainte pour moi. Je suis touche-à-tout. J’aime le bricolage, la peinture, j’aimerais aussi m’essayer à la sculpture. J’ai pensé d’ailleurs à faire les Beaux-arts lorsque j’étais étudiante. Bref, dès que mon mari sera lui aussi libéré de ses obligations professionnelles,
nous irons profiter d’autres choses. » Un nouveau moment de vie, mais que la double proviseure ne redoute aucunement. « Je ne suis pas quelqu’un qui s’ennuie. »

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