Grâce à un partenariat entre le département d’orthoptie de l’Université de Paris et le Campus connecté de Nevers Agglomération, six étudiants parisiens ont entamé leur cursus à Nevers. Une aubaine pour le territoire, en mal de spécialistes de la déficience visuelle, et pour l’école d’orthoptie qui souhaite renforcer son rayonnement en province. A condition de transformer cette expérimentation en un axe durable.

Les orthoptistes sont à la vue ce que les orthophonistes sont à la voix – ou les orthodontistes à la dentition. Des « redresseurs de torts » devenus de plus en plus indispensables dans le paysage de la santé à mesure que la désertification médicale s’étend : « Dans certaines régions, on peut avoir jusqu’à deux ans d’attente pour un rendez-vous avec un ophtalmologiste. Alors on fait de plus en plus appel aux orthoptistes pour effectuer un dépistage de problème visuel, cela permet de réduire le temps d’attente », explique le professeur Dominique Bremond-Gignac, chef du service ophtalmologie de l’hôpital Necker (Paris) et directrice du département Orthoptie de l’Université de Paris.

C’est à ce dernier titre qu’elle était présente à Nevers, vendredi 5 février, pour officialiser l’implantation d’une formation de six étudiants orthoptistes au Campus connecté. Une arrivée rendue possible grâce à une conjonction de bonnes volontés : celle de la sénatrice Nadia Sollogoub, à l’origine des contacts avec Dominique Bremond-Gignac, celle des professionnels de santé neversois (1) qui accueillent les élèves cinq demi-journées par semaine, et celle du Campus connecté, qui met à disposition ses moyens humains et matériels.

« Sans le Campus connecté, nous aurions eu beaucoup de mal à mettre en place cet axe Paris-Nevers », assure la directrice de l’école d’orthoptie, qui a également noué des partenariats avec Limoges et Nice pour lutter contre le « déficit majeur de professionnels de la déficience visuelle » en favorisant l’essaimage de ses promotions à travers le pays : « Les gens qui se forment sur place restent sur place. On manque de professionnels partout, y compris en périphérie de Paris. »

La formation neversoise est créée à titre expérimental, pour trois ans – la durée des études d’orthoptie : « C’est le ministère de la Santé qui finance pour l’instant le coût de formation, qui est de 6 000 € par an et par étudiant. Nous allons demander à la Région Bourgogne-Franche-Comté de prendre le relais pour que cette formation soit pérennisée. »

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